LES PLANTES AROMATIQUES ET MEDICINALES

L’attrait touristique du Maroc pour les plantes aromatiques et médicinales (PAM) est un phénomène de plus en plus marquant, s'inscrivant dans une tendance mondiale vers le tourisme de bien-être, le tourisme vert et l'agrotourisme. Ce secteur se distingue par une approche holistique qui lie la richesse naturelle du pays à son patrimoine culturel et ancestral. Potentiel grâce à la diversité des espèces et des pratiques. Ainsi, plus de 4.500 espèces ont été identifiées dont un grand nombre endémique et certaines classées comme produits à usage médicinal et/ou aromatique, ce qui lui a permis d'être classé deuxième mondialement après la Turquie.

La production est globalement assurée par les PAM spontanées, alors que la part des PAM cultivées demeure très faible et concerne environ une trentaine d'espèces.

La production de PAM met en exploitation aussi bien les plantes spontanées que les plantes cultivées, fraiches ou séchées. Selon les chiffres déclarés par l'Agence Nationale des Plantes Médicinales et Aromatiques.

Comme il a été indiqué plus haut, la cueillette des plantes spontanées représente plus de 98 % de la production nationale. Cette catégorie englobe une large gamme de plantes dont les plus importantes sont le thym, le romarin, le caroubier, la menthe pouliot, l'origan, l'arganier et les feuilles de laurier. Parmi les principales PAM cultivées au Maroc, on peut citer : le géranium, la lavande, la rose, le jasmin, la verveine, la menthe et le safran.

La diversité des écosystèmes écologiques du Maroc fait du pays un véritable réservoir de produits de terroir dont plusieurs sont endémiques. L'huile d'argan, le blé de Bekrit, la truite d’Azrou, les truffes du désert, l'eau de fleur d'oranger, le fromage de chèvre, les figues de Taounate, le miel, Amlou, le safran, les dattes, le henné et l'eau de rose : tous ces produits constituent une source de revenus aux populations locales des zones éloignées.

Conscient de ce potentiel, le Ministère de l'Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts (MAPMDREF) a accordé une grande importance aux produits de terroir au niveau du Plan Maroc Vert et, afin de concrétiser le plan de développement relatif aux produits de terroir, a mis en place des structures centrales et régionales dédiées.

 

ACTEURS DE LA FILIÈRE

Au Maroc, les principaux acteurs économiques de la filière PAM sont :

·         Coopératives PAM : mode d'organisation initié avec l'appui du Département des Eaux et Forêts qui leur donne la priorité en matière d'adjudication des nappes de collecte. Ces coopératives procèdent à une première transformation des matières premières selon les équipements et les moyens dont elles disposent. Celles ayant bénéficié de l'appui de bailleurs de fond sont arrivées à s'acquérir des technologies et équipements avancés pour la transformation de PAM ;

·         Intermédiaires : individus ayant une bonne connaissance des régions de collecte des PAM et disposant d'une importante assise financière. Ils travaillent généralement pour le compte des unités industrielles ;

·         Les professionnels du secteur : plus ou moins spécialisés dans le domaine des PAM, qui opèrent dans les diverses régions du pays. Disposant d'assise financière suffisante, ces professionnels arrivent à écouler directement leur production sur les marchés étrangers. Ils exploitent chaque région soit directement soit par l'intermédiaire de collecteurs de la région et disposent d'antennes dans plusieurs villes du Royaume.

La transformation

Le secteur des PAM au Maroc se caractérise par la présence d'un grand nombre d'unités de production de petites et moyennes tailles et qui, pour la plupart, ont vu le jour ces trois dernières décennies. Il s'agit principalement :

·         Des sociétés étrangères ou filiales de groupes étrangers spécialisées dans la production de molécules naturelles, d'infusettes et dérivés de PAM et dont le nombre est réduit à quelques unités ;

·         Des sociétés agro-industrielles marocaines qui essayent de couvrir tous les maillons de la filière depuis la culture passant par la transformation jusqu'à la commercialisation. Leur nombre est également limité et elles sont basées généralement dans les grandes agglomérations (Casablanca, Marrakech) ;

·         Des sociétés spécialisées dans la commercialisation des plantes séchées que ce soit de culture (verveine, bouton de roses, fleur d'oranger, sauge, feuille de vigne rouge, feuille d'olivier, fleur de cactus, racine d'iris, …) ou spontanées (romarin, myrte, menthe pouliot, mauve, ...) ;

·         Des sociétés spécialisées dans l'extraction des huiles essentielles et extraits aromatiques.

La commercialisation

Deux circuits de commercialisation sont à distinguer : La vente directe au consommateur et le négoce en vrac avec une prédominance de ce dernier.

a. Le négoce en vrac : La quasi-totalité de la production marocaine des PAM est exportée sur des marchés internationaux par le biais de négociants. Ces sociétés exportatrices assurent généralement le contrôle de qualité, le nettoyage, le tri du produit avant son emballage final.

b. La vente directe aux utilisateurs et aux consommateurs : La vente aux laboratoires, herboristes, prescripteurs et consommateur final ne représente qu'une faible portion et ne concerne que les produits prêts à l'utilisation.

Stratégie de développement

Le Département des Eaux et Forêts a mis en place, depuis 2009, une stratégie de développement de la filière qui repose sur plusieurs piliers, à savoir :

·         La consolidation des connaissances actuelles et leur développement pour aborder de manière professionnelle le marché ainsi la mise en place d'une cartographie nationale des ressources en PAM, ainsi qu'une échelle de priorité par rapport aux espèces les plus importantes ;

·         L'optimisation de la production et de la commercialisation en vue d'une meilleure valorisation des PAM marocaines ;

·         La réglementation, l'organisation et l'encouragement du secteur pour préparer un cadre à la fois adéquat et stimulant pour les professionnels et protecteur de la ressource ;

·         La promotion et l'animation du secteur tout en créant des synergies positives avec d'autres secteurs ;

·         La promotion des populations locales, la préservation et la gestion durable de la ressource.

Il s'agit essentiellement de préparer le secteur à opérer le passage d'un secteur fournisseur de matières premières non transformées à un véritable secteur industriel, offrant des gammes de produits de qualité, à forte valeur ajoutée, destinés aussi bien au marché local qu'au marché international.

Avec la création de l'Agence Nationale des Plantes Médicinales et Aromatiques (ANPMA) en 2015 par la loi 111-12, l'Agence a élaboré sa stratégie visant la pérennité et la préservation de la ressource, à travers des programmes de recherche visant la domestication et la mise en culture, et la définition des thèmes de recherche répondant aux préoccupations des industriels ; l'objectif étant d'opérer le passage d'un secteur fournisseur de matières premières à un véritable secteur industriel modernisé.

Les axes stratégiques de l'Agence visent à :

·         Promouvoir la recherche développement innovante en PMA ;

·         Coordonner la recherche dans un cadre de complémentarité ;

·         Assurer l'expertise (analyses, études…) ;

·         Dispenser les formations pour renforcer les capacités d'un public cible varié ;

·         Améliorer les systèmes de commercialisation de la production scientifique attendue

·         Mobiliser des partenariats (Coopération Nationale et Internationale.

 

 

LES PRODUITS DU TERROIR AU MAROC

Les trois quarts de la production sont assurés par 5 régions : Souss-Massa-Draâ, Marrakech-Tensift-El Haouz, Meknès-Tafilalet, Guelmim-Es Smara et l'Oriental.

Pour valoriser les produits du terroir marocain auprès des consommateurs marocains et étrangers, le MAPMDREF a lancé le label collectif " Terroir du Maroc ", qui a été enregistré en tant que marque collective auprès de l'Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale (OMPIC). L'objectif de ce label est d'harmoniser les différents labels marocains et de protéger nos produits du terroir.

Des plateformes logistiques et commerciales régionales sont créées pour un commerce solidaire et équitable, de plus en plus de produits sur les étals des gsm, des portails e-commerce. Plus encore, un accompagnement à l'international accompagné par un cadre réglementaire. Un cadre juridique pour les signes de qualité mis en place depuis 2008. Ce texte permet la valorisation des produits du terroir grâce à la reconnaissance de leurs spécificités dues à l'origine géographique, au savoir-faire des populations locales et/ou à leurs conditions d'obtention et de transformation. Les signes couverts par cette loi sont au nombre de trois : le label agricole (LA), l'indication géographique (IG) et l'appellation d'origine (AO).

LE PARC NATIONAL D'IFRANE

Le Parc National d'Ifrane, au Maroc, est une zone d'une grande richesse en matière de plantes aromatiques et médicinales (PAM). La diversité floristique de la région est remarquable, et de nombreuses études se sont penchées sur l'utilisation traditionnelle de ces plantes par la population locale.

Les points clés concernant les PAM dans le Parc National d'Ifrane :

·         Diversité floristique : La flore de la région d'Ifrane compte des centaines d'espèces de plantes aromatiques et médicinales. Parmi les plus étudiées et utilisées, on retrouve des genres comme la lavande (Lavandula L.), le thym (Thymus L.) et l'aubépine (Crataegus L.).

·         Utilisation traditionnelle : Les communautés riveraines du parc utilisent ces plantes dans la pharmacopée traditionnelle pour soigner diverses affections (digestives, respiratoires, cutanées, etc.). Elles sont également utilisées pour leurs vertus aromatiques ou dans l'alimentation.

·         Recherche et études : Des recherches ethnobotaniques sont menées pour inventorier ces plantes, comprendre leurs usages et leur valeur socio-économique. Ces études contribuent à la conservation et à la valorisation de ce patrimoine naturel.

·         Enjeux de conservation : L'exploitation de ces plantes, que ce soit à des fins commerciales ou artisanales, peut constituer une menace pour certaines espèces si elle n'est pas gérée de manière durable. C'est pourquoi le parc national et les chercheurs s'intéressent à l'état de ces ressources pour mettre en place des mesures de conservation appropriées.

En résumé, les plantes aromatiques et médicinales sont un élément important de l'écosystème du Parc National d'Ifrane, à la fois pour leur diversité biologique et pour leur rôle dans la vie et les traditions des populations locales.

Le Maroc, riche de sa biodiversité et de son savoir-faire ancestral, a su intégrer ses plantes aromatiques et médicinales (PAM) dans son offre touristique, créant ainsi un lien fort entre la nature, la culture et le bien-être. Ce segment du tourisme est en plein essor et s'inscrit dans une démarche de tourisme durable et d'agrotourisme.

1. Des destinations emblématiques

Plusieurs régions du Maroc sont réputées pour leurs PAM et sont devenues des destinations clés pour ce type de tourisme :

·         Le Haut et l'Anti-Atlas : Ces massifs montagneux sont de véritables réservoirs de biodiversité. On y trouve des espèces comme le thym, le romarin, la lavande et l'origan. Les visiteurs peuvent y découvrir des coopératives féminines qui récoltent et transforment ces plantes en huiles essentielles, eaux florales ou cosmétiques.

·         La Vallée de l'Ourika : Proche de Marrakech, cette vallée est célèbre pour son Jardin Bio-Aromatique, un lieu où les touristes peuvent non seulement admirer une grande variété de plantes mais aussi participer à des ateliers de découverte, apprendre leurs usages traditionnels et profiter de soins à base de produits naturels.

·         Le Souss-Massa et la région de Taliouine : Ces zones sont le berceau du safran, une épice précieuse. Des circuits touristiques permettent de visiter les safranières, d'assister à la récolte et de comprendre le processus de transformation de cette plante.

·         Le désert : Même dans le milieu aride du Sahara, des plantes médicinales comme le calotropis procera (pommier de Sodome) sont utilisées par les populations locales. Des initiatives d'agrotourisme proposent des treks et des séjours pour découvrir cette pharmacopée naturelle.

2. Le tourisme du bien-être et des sens

Les plantes aromatiques et médicinales sont au cœur d'une offre de tourisme de bien-être de plus en plus sophistiquée au Maroc :

·         Spas et hammams : Les rituels de bien-être marocains, comme le hammam, utilisent des produits locaux tels que le savon noir, l'argile et les huiles essentielles (e.g., eucalyptus, menthe).

·         Aromathérapie et cosmétique : Les huiles essentielles, comme l'huile d'argan, l'huile de figue de barbarie, ou celles de plantes comme la lavande et le thym, sont des incontournables des soins cosmétiques et des massages proposés dans les hôtels et les spas.

·         Ateliers et expériences : Le tourisme lié aux PAM ne se limite plus à l'achat de produits. Les visiteurs peuvent participer à des ateliers de distillation, de fabrication de savon ou de cosmétiques, ou encore à des cours de cuisine utilisant des herbes aromatiques locales.

3. Les bénéfices et les défis

L'intégration des PAM dans le tourisme marocain offre de nombreux avantages :

·         Développement local : Elle crée des sources de revenus alternatives pour les communautés rurales, en particulier les coopératives féminines, qui valorisent leur savoir-faire ancestral.

·         Conservation : Elle sensibilise les touristes à l'importance de la biodiversité et encourage des pratiques de récolte et de transformation durables.

·         Authenticité : Elle propose une expérience touristique plus authentique et immersive, loin des circuits de masse.

Cependant, des défis persistent, notamment la nécessité de réguler la récolte pour éviter la surexploitation, d'assurer la traçabilité et la qualité des produits, et de continuer à promouvoir ces circuits pour les positionner comme un élément majeur du tourisme marocain.

L’Attrait du Tourisme et les Plantes Aromatiques au Maroc

·         Le Parc National d’Ifrane, terre d’aventures et de senteurs

Le Maroc attire chaque année des millions de visiteurs venus découvrir son patrimoine culturel, ses paysages variés et ses traditions séculaires. Mais au-delà des souks colorés et des médinas animées, le pays cache une richesse plus discrète :  ses plantes aromatiques et médicinales.

Romarin, thym, lavande, origan, sauge… ces senteurs accompagnent les voyageurs depuis les montagnes de l’Atlas jusqu’aux plaines atlantiques. Elles parfument la cuisine marocaine, soignent les petits maux et séduisent les amateurs de produits naturels.

Le Parc National d’Ifrane : un écrin de verdure

La région d’Ifrane offre un décor surprenant : forêts de cèdres, lacs étincelants, prairies fleuries et montagnes enneigées en hiver. Le Parc National d’Ifrane, créé en 2004, est une destination incontournable pour les amoureux de la nature.

Quand tourisme rime avec durabilité

De plus en plus, les visiteurs cherchent à vivre des expériences authentiques. Dans la région d’Ifrane, cela se traduit par :

  • Des circuits écotouristiques autour des plantes,
  • Des ateliers de distillation d’huiles essentielles,
  • La rencontre avec des coopératives locales, souvent animées par des femmes rurales, qui transforment ces plantes en produits naturels : tisanes, huiles, savons, crèmes.

Voyager à Ifrane, c’est donc respirer l’air pur des montagnes, mais aussi plonger dans un univers de senteurs, de traditions et d’innovation durable